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Mots clés : charge, débit, modèle fluide, qualité de service, réseau de communication, système à événements discrets, taux d'utilisation, temps de réponse .
Glossaire :
Temps de réponse délai séparant la sollicitation d'une ressource et la fin de la délivrance du service demandé.
Taux d'utilisation fraction d'un intervalle de temps (éventuellement infini) pendant lequel une ressource est utilisée.
Charge nombre moyen de sollicitations d'une ressource par unité de temps, divisé par la durée moyenne du service.
Qualité de service concept englobant les mesures de performance classiques et des mesures plus récentes proposées dans le monde des réseaux de communication.
Au niveau de l'évaluation des performances, le projet s'intéresse essentiellement aux réseaux de communication. Dans ce contexte, la situation est un peu différente de celle rencontrée dans les études de sûreté de fonctionnement. L'évolution technologique et l'importance croissante des systèmes de communication entraînent des difficultés de nature nouvelle. Il ne s'agit pas seulement d'améliorer les outils d'évaluation existants pour faire face, par exemple, aux problèmes posés par la taille des modèles, mais aussi de trouver des outils d'analyse plus puissants.
En prenant comme référence le cadre des réseaux ATM, nous travaillons essentiellement à deux niveaux d'échelles de temps. À l'échelle de la cellule, qui est l'unité d'information de ce type de support de transmission, des problèmes génériques sont l'évaluation des probabilités de perte dans un commutateur ou l'analyse de différentes politiques d'admission. À un niveau plus élevé, on considère que les entités circulant sont des groupes de cellules appelés rafales. Ceci conduit souvent l'analyste à traiter des modèles à états continus. Nous menons des recherches ayant pour objectif l'étude de ce type de modèles.
L'évaluation des performances des réseaux haut débit [RMV95] donne lieu à de
nombreux problèmes nouveaux concernant des processus
stochastiques en régime stationnaire et en régime transitoire.
Les premières difficultés liées à ces problèmes d'évaluation
concernent la modélisation du trafic et du processus des arrivées
aux différents nuds d'un réseau de communication. On
distingue généralement trois échelles de temps différentes pour
la modélisation du trafic, qui sont l'échelle des cellules (nous
empruntons la terminologie à celle de la technologie
ATM), l'échelle des rafales et l'échelle des
appels.
Les échelles de trafic auxquelles nous nous intéressons plus particulièrement, pour le moment, sont l'échelle des cellules et l'échelle des rafales.
À cette échelle, le trafic consiste en des entités discrètes, les cellules, produites par chaque source. Les processus d'arrivée généralement utilisés dans ce contexte pour modéliser le trafic sont des processus d'arrivée par groupes markoviens, aussi notés BMAP (Batch Markovian Arrival Process).
Un BMAP est un processus de Markov bidimensionnel {A(t), J(t)} où la variable A(t) compte le nombre d'arrivées sur l'intervalle (0, t) et où la variable J(t) représente la phase du processus. Le nombre de phases du processus est en général fini. Le générateur infinitésimal du processus est donné par la matrice
Les BMAP forment une classe très large. De nombreux processus
d'arrivée familiers peuvent être vus comme des BMAP particuliers.
Notamment, en prenant
D0 = - ,
D1 =
et
Dk = 0pour k
2, on
obtient un processus de Poisson de taux
.
Un processus de renouvellement de type phase, de représentation
(
, T) est un BMAP avec
D0 = T,
et
Dk = 0 pour k
2.
Si D1 est diagonale, et Dk =
0 pour k
2, on obtient un
processus de Poisson dont le taux est modulé par un processus de
Markov de générateur infinitésimal
D = D0 + D1. Ce
dernier cas particulier de BMAP est aussi appelé un MMPP (Markov
Modulated Poisson Process). De plus, tout processus ponctuel peut
être approché par un BMAP. Enfin, il est à noter que la
superposition de n processus BMAP indépendants est encore
un processus BMAP. Cette propriété est particulièrement
intéressante pour la modélisation du multiplexage statistique de
sources dans les réseaux haut débit.
À l'aide de ces processus BMAP, on peut par exemple modéliser
le comportement d'un nud d'un réseau de
communication par une file d'attente BMAP/G/1 à capacité finie ou
infinie dans le but d'évaluer des mesures de qualité de service
comme la loi du nombre de clients en attente, la loi du temps
d'attente ou la probabilité de perte de cellules dans le cas
d'une capacité finie. Un tutoriel portant sur l'étude de cette
file d'attente se trouve dans [Luc93]. Dans le cas d'une
modélisation avec une échelle de temps discrète, on obtient de
manière similaire au cas du temps continu, des processus
d'arrivée, notés D-BMAP qui conduisent à l'étude de files
d'attente discrètes du type D-BMAP/D/1. La fine granularité de
l'échelle de temps des cellules pose le problème du grand nombre
de paramètres à évaluer pour définir le processus des arrivées,
et l'une des principales difficultés rencontrée lors de l'étude
des files d'attente associées concernent le temps de calcul des
mesures recherchées. En effet, les processus BMAP ou D-BMAP sont
définis par un certain nombre de matrices dont la taille pose
bien évidemment les problèmes classiques au niveau de la
complexité des calculs.
A l'échelle de temps des rafales, le trafic est considéré comme continu, c'est pourquoi on parle de modèles fluides, et ce trafic est en général caractérisé par son taux instantané. Les plus connus de ces modèles sont les processus dits on/off et leurs superpositions. On dit que le trafic provenant d'une source est on/off s'il alterne entre des périodes d'activité (les périodes on) et des périodes de silence (les périodes off). Les taux de transmission sont supposés constants durant chaque période on. L'hypothèse de base est que ces processus sont des processus de renouvellements alternés. L'état de la source est alors décrit par un processus semi-markovien. Lorsque ces périodes suivent des lois de type phase, le processus devient markovien et le taux d'entrée devient modulé par un processus de Markov.
Dans ce domaine, nous nous intéressons aussi bien à l'analyse mathématique de modèles qu'à leur étude par simulation. Nous développons des techniques capables de calculer les probabilités d'état en régime stationnaire, le domaine habituel en évaluation de performances, et en transitoire, ce qui est moins usuel mais de plus en plus nécessaire lors de l'étude d'un système de communication. Au niveau de la simulation, nos efforts portent essentiellement sur les techniques d'accélération en général, et sur la simulation de modèles fluides en particulier.