Précédent : Méthodes d'approximation
Remonter : Fondements scientifiques Suivant :
Algorithmes
génétiques pour l'optimisation
Mots clés : schéma implicite, méthode multigrille, méthode de décomposition de domaine .
Dans de nombreuses applications en Mécanique des Fluides, le modèle mathématique est dominé par les termes de convection. Le regroupement de ces termes forme les « Équations d'Euler » qui, en formulation stationnaire, constituent un jeu d'équations aux dérivées partielles non-linéaires qui est hyperbolique seulement dans les zones où l'écoulement est localement supersonique. Pour cette raison, les méthodes de résolution par avancement en espace, de type méthode des caractéristiques, sont limitées à des applications assez particulières. À l'inverse, on peut construire des méthodes très générales par approximation de la formulation instationnaire du modèle :
À partir d'une condition initiale :
W(x, y, z, 0) = W0(x, y, z) | (2) |
on intègre en temps le système (1) soumis à des conditions
aux limites jusqu'à convergence asymptotique (
t
). Pour
cela on construit une suite d'approximations :
Whn(x, y,
z) ![]() ![]() |
(3) |
où l'indice h se réfère à la discrétisation spatiale
(généralement par éléments ou volumes finis), l'indice supérieur
nà l'itération en temps, et t
est un pas de temps d'intégration. On note :
![]() ![]() ![]() ![]() |
(4) |
l'approximation du terme de divergence. Une forme assez générale de schéma d'intégration implicite linéarisé peut alors s'exprimer par l'équation suivante :
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() |
(5) |
dans laquelle
(Whn) est le
jacobien de l'approximation
(Whn), ou une
approximation. D'un point de vue algorithmique, à chaque
itération en temps, on construit l'approximation (par éléments ou
volumes finis) du membre de droite et des éléments constitutifs
de la matrice apparaissant dans le membre de gauche. On résout
ensuite le système linéaire par relaxation. Lorsqu'on applique ce
type d'approche à une équation modèle hyperbolique, il est bien
connu que l'algorithme itératif est alors inconditionnellement
stable. Autrement dit, en pratique, on peut utiliser de très
grands pas de temps, ce qui augmente l'efficacité de
l'itération.
Dans le cas d'approximations par éléments finis sur maillages non-structurés, aucune factorisation spatiale de la matrice ne peut être effectuée et la largeur de bande est inconnue a priori. C'est pourquoi on résout par relaxation. Les principaux résultats du projet dans ce domaine ont eu trait à l'étude des préconditionneurs pour des schémas d'approximation décentrés [[3]], l'analyse théorique des propriétés de convergence [[2]] et la construction de variantes précises au second-ordre en temps [[7]].
L'analyse de Fourier (en espace), ou analyse modale, de systèmes linéaires représentatifs des équations à résoudre après discrétisation d'équations aux dérivées partielles, permet d'ordonner les composantes de l'erreur itérative suivant les valeurs d'un (ou plusieurs) paramètres fréquentiels, la valeur de la plus haute fréquence étant liée au pas de discrétisation en espace, ou, à l'inverse, au nombre de degrés de liberté. Un principe de base concernant les méthodes itératives classiques, telles que l'itération de Jacobi, est le suivant : l'itération agit avec la plus grande efficacité sur les composantes de l'erreur de hautes fréquences ; à l'inverse, ce sont les composantes de basses fréquences qui persistent et sont la manifestation de la raideur du système. Par contre, ces modes de basses fréquences, qui sont la représentation discrète de fonctions lisses des coordonnées d'espace, peuvent être interpolés sans grande perte de précision sur des grilles de moindre finesse.
L'analyse théorique, la pédagogie et l'application de méthodes multigrilles en Mécanique des Fluides constituent un axe important de l'activité du projet [[5]]-[[4]]-[[1]]- [[24]]-[[10]]. On s'intéresse plus particulièrement à la construction des différents niveaux de grille à partir de la grille la plus fine supposée non-structurée (agglomération, reconstruction), ainsi qu'à l'identification d'opérateurs de transfert de « grille à grille » efficaces, dans le cas d'équations à dominante hyperbolique (plutôt qu'elliptique). Ces méthodes, bien que complexes à mettre en oeuvre informatiquement, sont néanmoins largement utilisées dans les applications.
À l'opposé, le remplacement des méthodes directes (factorisation, ...) est un problème difficile. On fait appel à des méthodes de décomposition de domaine dans lesquelles l'algorithme mathématique traite différemment les noeuds internes aux sous-domaines de ceux qui sont frontaliers (aux interfaces ou dans les recouvrements). Ces méthodes ont été développées essentiellement pour des problèmes elliptiques du second ordre et profitent de la forte régularité des solutions de ce type d'équation, ainsi que de la symétrie des opérateurs impliqués. On obtient ainsi des méthodes quasi-optimales, c'est-à-dire de convergence indépendante du maillage et « scalables », c'est-à-dire de convergence indépendante du nombre de sous-domaines[FR92]. La situation est beaucoup moins claire pour les systèmes mixtes hyperboliques-paraboliques issus de la Mécanique des Fluides compressibles. Les opérateurs sont à dominante du premier ordre, non-symétriques, à solutions essentiellement singulières. Dans ce domaine, le projet s'intéresse à la construction de conditions d'interface appropriées à la nature hyperbolique (équations d'Euler) ou mixte hyperbolique-parabolique (équation de Navier-Stokes) pour des méthodes de décomposition de domaine applicables à la simulation numérique d'écoulements compressibles[GG93]-[Qua90]. Dans les méthodes par décomposition de domaine, on utilise aussi une « hiérarchie » de discrétisations, mais ici les sous-systèmes sont associés à une partition du domaine de calcul en sous-domaines[Xu92] (avec ou sans recouvrement).